Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Partout flottait encor l’étendard de la guerre,
Partout sous nos combats vibrait encor la terre,
Quand, suivis de la foule, accourue à leur voix,
S’avancèrent les chefs d’une race d’élite
Qu’aux jours de sa justice un Dieu vengeur suscite
Pour châtier l’orgueil des Rois.

Tous, au bord d’une fosse, en priant s’arrêtèrent,
Puis le tambour battit, les drapeaux s’inclinèrent,
Le peuple agenouillé courba son front pieux,
Et le prêtre, debout, élevant la croix sainte,
Au nom du Rédempteur bénit trois fois l’enceinte
Qui reçut nos futurs aïeux.

Le canon répondit par des salves de fête,
Et l’on vit se pencher sur la tombe muette
Nos jeunes chefs, tribuns au magique renom,
Rois d’un jour, dont la voix, au loin déjà célèbre,
Promit aux héros morts un monument funèbre,
Grand, immortel, comme leur nom.

Triomphe ! il est fondé. Qu’il garde leur mémoire !
Le peuple peut enfin du haut de sa victoire
T’admirer, ô Statue, à la face du ciel.
Il peut montrer à tous, quand son honneur l’ordonne,
Ton socle de granit, plus élevé qu’un trône,
Presqu’aussi sacré qu’un autel.