Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/280

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Sa demeure d’un jour est souillée et fétide,
Un vil lambeau de lin couvre à peine ses os,
Son pain, trempé de pleurs, fuit sous sa lèvre avide,
Ses chants même sont des sanglots…
Quoi ! le maître est-il donc au dessous de l’esclave ?
Plus grand par ses devoirs l’est-il moins par ses droits ?
Permettras-tu, mon Dieu, qu’un insecte [le brave,
Quand ton soleil l’admire et reconnaît ses lois ?
Ne pourra-t-il jamais reconquérir le titre
Qu il a reçu de toi pour régner en ton nom ?
Ne te proclame-t-il son père et son arbitre,
Que pour rougir de sa raison ?

Non, non, l’ordre divin, dans sa source féconde
Fut trop longtemps troublé par nos sanglants débats.
Il faut que l’Harmonie enfante un autre monde
Qui succède au chaos où s’égarent nos pas !
Il le faut. Mais comment ? Oh ! c’est-là le mystère.
Là, devant cet abîme, hésite le plus fort ;
Là s’arrête l’esprit des sages de la terre,
Triste et muet comme la mort.

Quand Bazard eut taillé le fût de ses colonnes.
Pour le Temple nouveau qu’il prétendait bâtir,
Il sourit, plein d’orgueil, aux splendides couronnes
Qu’y viendrait, libre et fier, suspendre l’avenir ;