Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/281

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Mais Bazard n’a pas su, sur ce mouvant rivage,
Elever ses autels à la hauteur des cieux ;
Il est mort, en laissant, pour unique héritage,
Le nom d’un rêveur glorieux.

L’agricole Fourier viendra combler peut-être
Tous les vides creusés par un soc meurtrier,
Ressemer notre champ, et, de sa main de maître,
Greffer sur le vieil arbre un fruit plus nourricier ;
Mais qui donc étendra sur un sol si stérile
Le généreux engrais qui doit le féconder ?
Qui donc fera ployer le vieux tronc indocile
Sous l’acier prêt à l’émonder ?

Peut-être un autre Athlète, homme de forte race,
Fera-t-il retentir un de ces mots puissants
Qui font rugir de joie et bondir sur sa trace
Des prolétaires nus les torrents mugissants ;
Malheur alors à nous, si le sort le seconde !
Il paraîtra partout où pleurent des vaincus,
Il voudra transformer et rajeunir le monde
Par le glaive de Spartacus.

Rois ! tremblez donc de voir la guerre des esclaves
Éclater, tôt ou tard, sur nos bords dévastés !
Du volcan plébéien tremblez de voir les laves
Sous leurs flots débordés engloutir nos cités !