Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/297

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Frères ! tendons à tous la main droite des braves !
S’ils sont partis mourants, s’ils sont partis esclaves,
Qu’ils s’en retournent forts, libres et consolés !
Qu’ils aillent arborer sur les murs de leurs villes
L’étendard illustré dans nos luttes viriles
Par tous les grands progrès des siècles écoulés !

Reines des nations, la Paix et l’Industrie
Ont détrôné la Guerre, et vaincront l’Anarchie ;
Un seul, prêtre ou soldat, ne règne plus sur tous.
La grande Liberté, mère de notre histoire,
A reconquis l’empire usurpé par la gloire ;
Au seul bruit de ses pas tout fléchit les genoux.

Des droits et des devoirs tressés en diadème
Par les élus du peuple, au nom du peuple même,
Se compose aujourd’hui la couronne des rois :
Rude bandeau de fer sans luxe et sans prestige,
Mais dont le froid contact préserve du vertige
Le front, puissant ou faible, accablé de son poids.

Frères ! un noble siècle est entré dans l’arène.
Sous chacun de ses coups se resserre la chaîne
Qui nous rattache au Dieu dont nous descendons tous.
Qu’importe si parfois un vieil anneau se brise !
L’esprit réunira ce que le bras divise ;
Nous avons la Raison et le Temps avec nous.