Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/43

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Tes malheurs, tes tourments, tes huit ans de souffrance
Ont failli dans ton âme éteindre l’espérance ;
Mais aussi que de pleurs t’ont fait verser les rois !
Quel peuple de nos jours a subi ton martyre ?
En est-il un, un seul, qui rampe sous l’empire
De plus infâmes lois !

De lois ? Non. Dans tes murs, toutes les lois sont mortes.
Un soldat les foula sous ses pieds triomphants,
Un soldat fit clouer la Justice à tes portes ;
Le canon au dehors, et le sabre au dedans,
Voilà, quand tu te plains, voilà, quand tu t’emportes,
Tes juges et tes surveillants !

De ta robe municipale
J’ai vu les plus riches lambeaux
S’étendre en tapis dans la salle
Où s’enivraient tes vils bourreaux,
Flotter même au milieu des rires
Le long des reins de leurs coursiers,
Et sur les lits nus de tes sbires
Se dérouler en draps grossiers.

Partout, en quelques jours, ton antique parure
Tomba sous leur faux rouge et joncha les sillons ;
Adieu les doux jardins dont la fraîche ceinture
Autour de tes glacis serpentait en festons ;