Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/45

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La prostitution décime tes familles,
Sur des noms, purs naguère, imprime un sceau fatal,
Et, du fond des cachots, l’héroïsme en guenilles
Tend son cou jaune et maigre au gibet prévôtal.

Est-ce donc là la récompense
De cet amour illimité
Que tu vouas dès ta naissance
Au culte de la liberté,
Le prix du sang de tant de braves
Qui s’élancèrent de tes flancs
Pour briser le joug des esclaves
Et vaincre ou mourir dans nos rangs ?

Oh ! que cette pensée est poignante, est amère !
En déchirant le lin qui voile tes douleurs,
Une larme de rage échappe à ma paupière,
Et je maudis le bras de nos libérateurs,
Bras faible et mutilé qui ne saurait atteindre
Dans tes forts, ni chasser de ton sol dévasté,
L’ennemi qui t’opprime, et qui ne s’est fait craindre
Que par notre faiblesse et notre lâcheté.

Mais il est plus pénible et plus poignant encore,
Ma mère, de songer qu’il est parmi tes fils,
Des transfuges ingrats dont la bouche déflore
L’honneur de leur pays ;