Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/110

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extermination qu’il eût fallu nommer le fait de rompre les myriades de liens qui relient un être à un autre. Un autre ? Mais non ! Lui et elle ne faisaient qu’un, dans ce sens mystique qui seul peut donner au mariage sa raison d’être. La nouvelle loi n’était pas faite pour eux, mais pour les êtres séparés, condamnés à une union dérisoire. L’évangile qu’elle s’était crue appelée à propager n’avait aucun rapport avec son propre cas…

Un peu honteuse de son exaltation croissante, inexplicable, elle fit appeler un médecin et lui demanda un calmant pour les nerfs.

Elle s’empressa de le prendre… mais il ne calma pas ses appréhensions. Elle ne savait pas au juste ce qu’elle redoutait, et cela rendait son anxiété de plus en plus envahissante.

Son mari n’avait plus fait allusion à ses conférences du dimanche. Moins nerveux et plus maître de lui que d’habitude, il se montrait particulièrement bon et attentif ; mais ses égards avaient une nuance de timidité qui suscitait en Julia de nouvelles terreurs. Elle avait beau se dire que c’était sans doute à cause de la visite du médecin et de la potion calmante que son mari montrait tant de déférence pour ses moindres fantaisies, mais cette explication devenait une source de nouvelles appréhensions.