Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/132

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— Je vois maintenant que vous non plus, vous n’avez pas compris… n’est-ce pas ?

De leur regard jaillit tout à coup la lumière ; le voile qui les séparait sembla se lever ; les lèvres d’Arment tremblèrent.

— Non, dit-il, je n’ai pas compris.

Elle poussa presque un cri de triomphe :

— Je le savais, je le savais bien ! Vous étiez étonné… vous avez essayé de me le dire… mais aucun mot n’est venu… vous avez vu votre vie brisée… tout ce qui vous entourait en ruines… et vous ne pouviez ni parler, ni bouger !

Elle se laissa tomber sur la chaise contre laquelle elle s’était appuyée.

— Maintenant, je sais… oui, je sais, répétait-elle.

— Je suis désolé pour vous, entendit-elle balbutier à Arment.

Elle lui jeta un coup d’œil triste.

— Je ne suis pas venue pour cela. Je ne vous demande pas d’être désolé. Je suis venue vous demander de me pardonner… de n’avoir pas compris que vous ne me compreniez pas… C’est tout ce que j’avais à vous dire.

Elle se leva avec le vague sentiment que c’était fini et elle tendit la main vers la porte.

Arment restait là, immobile. Elle se retourna vers lui, s’efforçant à sourire.