Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/149

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Il se tut de nouveau. Puis :

— Je veux dire après notre mariage.

Elle eut un haut-le-corps et se tourna vers la fenêtre :

— Merci, répliqua-t-elle sèchement.

— Lydia ! s’écria-t-il, décontenancé.

Et Lydia eut jusqu’au plus profond de son être la sensation qu’il avait commis l’inconcevable, l’impardonnable erreur d’anticiper son consentement.

Le train continuait son vacarme tandis que Gannett prenait à tâtons une troisième cigarette. Lydia se taisait toujours.

— Je ne vous ai pas fâchée ? risqua-t-il enfin, sur le ton hésitant d’un homme qui cherche sa voie.

Elle secoua la tête avec un soupir :

— Je croyais que vous compreniez, gémit-elle.

Leurs yeux se rencontrèrent, et elle revint se blottir auprès de lui.

— Voulez-vous savoir comment ne pas me fâcher ?… En tenant pour acquis, une fois pour toutes, que vous m’avez dit ce que vous aviez à me dire sur cette odieuse question ; que j’ai fait de même, et qu’ainsi nous nous retrouvons juste au point où nous en étions, ce matin, avant que… que cet exécrable papier vînt tout gâter entre nous !