Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/165

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vait pas le besoin de parler à Mrs Linton.

— Puis-je m’asseoir là ? continua l’autre, fixant ses yeux peints sur le visage de Lydia, ou bien avez-vous peur d’être vue avec moi ?

— Peur ? (Lydia rougit.) Asseyez-vous, je vous en prie. Qu’avez-vous à me dire ?

Mrs Linton, avec un sourire, approcha une chaise, et croisa l’une sur l’autre ses chevilles chaussées de bas à jour.

— Je désirerais savoir ce que mon mari a dit au vôtre hier soir.

Lydia devint pâle.

— Mon mari… au vôtre ? reprit-elle avec hésitation.

— Ne savez-vous pas qu’ils se sont enfermés ensemble, pendant des heures, dans le fumoir, après que vous êtes remontée ? Mon mari ne s’est couché qu’à deux heures, et même alors je n’ai pas pu tirer de lui un seul mot. Quand il veut être insupportable, il n’a pas son pareil. (Mrs Linton jeta sur Lydia l’éclair persuasif de son sourire.) Dites-moi, je vous en prie, ce qu’ils se sont raconté ? Je sens que je peux avoir confiance en vous : vous avez l’air si aimable !… Ce que j’en fais, du reste, c’est pour son bien Le pauvre garçon est si bêta !… j’ai peur qu’il ne se soit fourré dans quelque pétrin ! Si seulement il voulait écouter sa bonne vieille