Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/18

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volière exotique. Elle s’avançait vers eux, les épaules écrasées sous un superbe manteau de renard argenté, la démarche gênée par les plis d’une robe lourde de broderies, et traînant à la remorque une jeune fille grande et rose. Celle-ci, qui était habillée avec la même élégance exagérée que sa mère, tenait à la main un manchon de zibeline, un porte-monnaie en or serti de pierres précieuses et un face-à-main en brillants ; et ses cheveux, d’un blond invraisemblable, étaient couronnés d’une flore aussi variée que la garniture ornithologique du chapeau maternel.

— Voici Mrs Smithers et sa fille Catherine, reprit Blanche Lambart.

Et Le Fanois, s’avançant à sa suite vers les nouvelles arrivées, eut un soupir involontaire :

— Ah ! les pauvres gens, les pauvres gens !


II

Depuis bientôt dix ans, Jean Le Fanois menait cette vie assommante et équivoque de lanceur de nouveaux riches dans le monde parisien. Il s’y était laissé aller peu à peu, à la