Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/19

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suite de relations accidentellement nouées avec un richissime Américain, au moment où Le Fanois lui-même se trouvait dans la dèche. Comment ce garçon affamé de luxe, habitué depuis sa première jeunesse à l’existence facile et coûteuse du clubman parisien, eût-il résisté à l’aubaine inespérée d’une telle relation ? Son nouvel ami, cœur excellent et esprit naïf, ne demandait qu’à jouir de ses millions en compagnie de quelques amis de choix. Collectionneur à ses heures, comme beaucoup de ses compatriotes, il sut apprécier les goûts artistiques de Le Fanois, et le chargea de l’ameublement et des décorations de l’élégant hôtel qu’il venait d’acheter à un rastaquouère en faillite. Jean fut ravi de l’occasion de se produire en amateur éclairé ; et, en acquérant de beaux objets d’art pour son ami, il trouva un peu du plaisir qu’il aurait eu à se les offrir lui-même. Puis il apprit que l’on pouvait gagner à ce jeu des récompenses plus durables que ce plaisir altruiste. Il toucha de fortes sommes auprès des brocanteurs ravis du client qu’il leur amenait ; et bien que cette transaction le gênât légèrement la première fois qu’elle lui fut proposée, il s’y habitua vite, d’autant plus que de grosses pertes au jeu avaient sérieusement entamé sa modeste fortune.