Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/243

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d’objets rares et magnifiques, et d’êtres qui me parurent encore plus rares et plus beaux. Serez-vous surpris si je vous dis que je me sentais prêt à baiser la trace de leurs pas et à donner la dernière goutte de mon sang pour les servir ?

À l’âge requis, je fus envoyé au séminaire de Lodi ; et pendant les congés je revenais dans la famille, à Milan. Le comte Andrea était devenu un des plus beaux jeunes hommes qui fussent au monde, mais il aimait un peu trop le plaisir, et le vieux comte le maria au plus vite à la fille d’un grand seigneur vénitien, qui lui apporta en dot un magnifique domaine en Istrie. La comtesse Gemma, c’est ainsi que s’appelait cette dame, était une tête de linotte, à l’air ingénu ; mais, sous ses dehors enjoués, elle cachait un caractère souple et rusé. Le vieux comte n’avait pas assez de finesse pour suivre ses manœuvres, et la petite comtesse cachait ses desseins sous un bavardage innocent. Son beau-père disait qu’elle n’avait qu’un défaut : c’était qu’une de ses tantes avait épousé un Autrichien ; et cet événement s’étant accompli avant la naissance de la nièce, il l’absolvait en souriant de la part qu’elle avait pu y prendre. Elle confirma la bonne opinion qu’il avait d’elle en donnant deux fils à son mari, et Roberto ne se montrant guère disposé au mariage,