Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/266

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Roberto se tut, regardant fixement devant lui, comme s’il eût été inconscient de ma réponse. Enfin il leva la tête.

— Vous êtes-vous aperçu, demanda-t-il, que ma femme est souffrante depuis quelque temps ?

— On voit bien que la comtesse n’est pas dans son état normal. Elle paraît triste et nerveuse, et je pense qu’elle se tourmente au sujet de Votre Excellence.

Le comte se pencha vers moi et posa sa main amaigrie sur la mienne.

— Appelez-moi Roberto, dit-il.

Il y eut encore un silence ; puis il reprit :

— Depuis que je vous ai vu ce matin, il s’est passé une chose terrible. Après votre départ j’ai envoyé chercher Andrea et Gemma, pour leur dire les nouvelles de Vienne et les prévenir que je serais sans doute appelé avant la nuit. Vous savez comme moi que nous touchons à une crise. On se battra avant vingt-quatre heures, ou je ne connais pas mon pays ; et la guerre éclatera plus tôt que nous ne le croyons. Il était de mon devoir de mettre mes affaires entre les mains d’Andrea et de lui confier ma femme. Ne vous inquiétez pas, ajouta-t-il en souriant, un homme prudent ne part pas pour un long voyage sans mettre sa maison en ordre, et, si les choses prennent la tournure que je suppose, il peut se