Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/27

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Elle revint vers lui et s’appuya contre la cheminée.

— J’ai… j’ai que je pense une fois de plus au pouvoir effrayant de l’argent. Réflexion frappante, n’est-ce pas ? Mais enfin, quand je songe à cette petite, qui a bon cœur, j’en conviens, mais qui n’a, en somme, ni beauté, ni esprit, ni imagination, ni charme, et qui, malgré cela, n’a qu’à étendre sa main — cette grosse patte rouge et épaisse ! — pour cueillir un beau nom, une belle situation et le cœur d’un honnête garçon !

Le Fanois la fixait toujours, avec cette lueur indéfinissable qui lui venait quelquefois aux yeux en la regardant.

— Tandis que vous, ma pauvre amie, qui avez tout cela…

— Ah ! taisez-vous ! interrompit-elle.

Une vive rougeur lui monta jusqu’aux tempes, et elle alla brusquement reprendre sa place derrière la table à thé.

Le Fanois haussa les épaules.

— Je croyais que nous avions notre franc parler.

Elle eut un sourire plein d’amertume.

— Eh bien, oui, soit ! Je suis lasse, lasse, j’ai trop vécu parmi les riches et les heureux, j’ai le besoin de l’argent dans le sang… Et dire