au-dessus de nous étaient des défilés rocheux, où les aigles font leur nid et où hurle l’orage.
En hiver de grands feux emplissaient les âtres, et même au cœur de l’été un vent frais soufflait des défilés. Mais lorsque j’étais encore enfant, ma mère partit vers le Sud dans la suite de la grande Impératrice, et je fus emmenée avec elle. Nous voyageâmes bien des jours, à travers monts et plaines, nous vîmes Rome, où le Pape demeure dans un palais d’or, et mainte autre cité, et nous parvînmes enfin à la cour du grand Empereur. Là, deux ans ou plus, nous vécûmes dans le faste et les réjouissances, car c’était une cour merveilleuse remplie de mimes, de magiciens, de philosophes et de poètes.
Les dames de l’Impératrice passaient leurs journées en gaietés et en musique, vêtues de légères robes de soie, se promenant dans des jardins pleins de roses, et se baignant dans un frais bassin de marbre, tandis que les eunuques de l’Empereur gardaient l’approche des jardins. Ah ! les bains dans le bassin de marbre, mon père ! Il m’arrivait de rester éveillée des nuits entières de chaleur méridionale en songeant au bain à l’aurore sous les dernières étoiles. Car nous vivions dans un climat brûlant, et je sou-