Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/337

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bourdon, la guida jusqu’à une anfractuosité s’ouvrant, non loin de là, dans la falaise. Et cependant qu’ils cheminaient, les cloches du soir se firent entendre par delà la vallée : il se mit à réciter l’angélus, et elle s’associa à lui pieusement, les mains jointes, sans omettre une seule parole.

Toutefois, la pensée du crime qu’elle avait commis pesait à l’âme du saint homme, et le lendemain, lorsqu’il fut lui porter des provisions, il lui demanda comment il avait pu se faire qu’elle eût succombé à un péché aussi abominable. Et voici le récit qu’elle lui fit.


IV

Je suis née, dit-elle, dans le pays du Nord, où les hivers sont longs et froids, où la neige tombe parfois jusque dans les vallées et où elle couvre les montagnes pendant des mois entiers. Le château de mon père s’élève au milieu d’une haute forêt verte, où les vents, sans trêve, agitent les feuilles, et où une froide rivière descend des gorges glacées. Au midi s’étendait la vaste plaine, poudroyante de chaleur ; mais