Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/363

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crainte, il se sentit atteint d’un grand coup. Car voici que tous ses labeurs avaient été vains, et qu’en dépit de ses efforts, celle qu’il avait aimée en Jésus-Christ était demeurée dans le péché.

Un instant, la pitié le prit ; l’instant d’après, il comprit que des gens l’allaient découvrir, courbé sur le corps d’une femme nue, d’une femme qu’il leur avait donnée pour sainte ! mais qu’à tous aujourd’hui il serait loisible de tenir pour l’instrument de sa perdition. Et voyant comme, à ce contact, tout le patient édifice de son salut avait été ruiné, et son âme exposée au plus mortel des périls, il sentit la terre tourner et ses yeux ne virent plus la lumière.

Déjà apparaissait la tête de la procession et le ravin retentissait des amples accords du Salve Regina. Quand l’ermite rouvrit les yeux, l’air étincelait des feux de mille cierges, faisant briller l’or des vêtements sacerdotaux, l’ostensoir éblouissant sous son dais. Et toute proche de lui, il vit la face de l’évêque.

L’ermite se releva sur les genoux. « Mon père devant Dieu, s’écria-t-il, voici que, pour mes péchés, je viens d’être visité par un démon. » Mais, tandis qu’il parlait, il s’aperçut que personne ne l’écoutait parmi les assistants,