Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/149

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Il s’assoupit… Lorsqu’il se réveilla, le froid de l’aube d’hiver emplissait la chambre. Il était gelé et courbaturé. Il avait faim et en était honteux. Il se frotta les yeux et s’approcha de la fenêtre. Un soleil rouge paraissait à peine au-dessus de la morne étendue de champs gris ; contre son disque en feu les arbres se dessinaient noirs et grêles. « C’est le dernier jour de Mattie », se dit-il… Et il essaya de se représenter ce que serait la maison sans elle.

Tandis qu’il demeurait ainsi, il entendit des pas derrière lui et Mattie entra.

— Oh ! Ethan… c’est ici que vous avez passé la nuit ?

Dans sa pauvre robe étriquée, la tête enveloppée de son écharpe rouge, sous la lumière blafarde qui accusait sa pâleur, elle paraissait si maigre, si grelottante, qu’il ne trouva pas un mot à lui répondre.

— Vous devez être gelé, continua-t-elle, fixant sur lui des yeux las.

Il fit un pas vers elle.

— Comment saviez-vous que j’étais ici ?

— Je vous ai entendu redescendre l’escalier hier soir, et toute la nuit j’ai prêté l’oreille… vous n’êtes pas remonté…

Toute la tendresse de Frome reflua à ses lèvres. Il regarda Mattie et lui dit :