Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/174

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— Il n’y a que vous qui m’ayez témoigné de la bonté…

— Ne dites pas cela quand je ne peux même pas lever un doigt pour vous !

— Oui ; mais cela n’en est pas moins vrai…

Ils étaient arrivés en haut de la School House Hill. Au-dessous d’eux, Starkfield s’étendait dans le crépuscule. Un cutter qui venait du village les croisa avec un joyeux bruit de grelots. Ils se raidirent et regardèrent droit devant eux, la face rigide. Dans la grande rue, les lumières commençaient à briller aux fenêtres. Quelques villageois attardés regagnaient leurs portes. Ethan toucha du fouet l’alezan, qui repartit d’un trot paresseux.

Près de la sortie du village, des cris d’enfants leur arrivèrent, et une bande traînant des luges s’éparpilla sur la place devant l’église.

— J’ai idée que c’est leur dernière glissade pour un jour ou deux… dit Ethan, en regardant le ciel radouci.

Mattie ne répondit pas et il ajouta :

— Nous aussi, la nuit dernière, nous devions aller luger.

Elle se taisait toujours, et poussé par l’obscur désir d’alléger la tristesse de leur dernière heure ensemble, il continua à bavarder.

— C’est tout de même curieux que nous n’ayons