Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/175

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descendu la côte qu’une fois depuis que vous êtes chez nous !

Elle répondit :

— Je n’avais guère l’occasion d’aller au village…

— C’est vrai…

Ils avaient atteint le sommet de la route de Corbury. Entre la vague masse blanche de l’église et le noir rideau que formaient les sapins des Varnum, la descente s’étalait au-dessous d’eux sans une luge sur son long parcours. Un élan insensé poussa Ethan à dire :

— Est-ce que cela vous amuserait de descendre la côte maintenant ?

Mattie eut un petit rire forcé.

— Nous n’avons pas le temps !

— Mais si, mais si !… Allons, venez !

Son seul désir était de retarder le plus possible le moment où il faudrait diriger l’alezan vers la gare des Flats.

Mattie balbutia : Mais la servante ? Elle sera à la gare à nous attendre…

— Eh bien ! qu’elle attende !… Si ce n’était pas elle, ce serait vous… Venez donc !…

Il parlait avec un tel accent d’autorité que Mattie en parut subjuguée. Il sauta hors du traîneau, et elle descendit sans résistance, se bornant à dire :

— Mais où trouverons-nous une luge ?