Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/179

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Elle se détacha de son étreinte, et il entendit ses sanglots.

— Moi non plus, je ne peux pas partir ! gémit-elle.

— Matt, qu’allons-nous faire, qu’allons-nous faire ?…

Ils se tenaient la main comme des enfants, et le corps fragile de Mattie était secoué de longs frissons désespérés.

Dans le silence nocturne ils entendirent cinq heures sonner à l’horloge de l’église.

— Ethan, il est temps de partir ! s’écria-t-elle.

Il l’attira contre lui.

— Temps de partir ? Vous ne pensez pas que je vais vous laisser partir maintenant ?

— Si je manque mon train, où irai-je ?

— Où irez-vous, si vous le prenez ?

Elle se tut, ses mains inertes et glacées abandonnées dans celles d’Ethan.

— À quoi cela sert-il désormais que l’un de nous aille quelque part sans l’autre ? dit-il.

Elle demeura immobile, comme si elle ne l’avait pas entendu. Brusquement, elle se dégagea et, jetant ses bras autour du cou d’Ethan, pressa une joue mouillée contre son visage.

— Ethan ! Ethan ! il faut que vous me fassiez descendre encore une fois !…

— Descendre… où ?