Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/185

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Mais tout à coup le visage de sa femme, devenu subitement immense et grimaçant, se dressa entre son but et lui ; il fit un mouvement instinctif pour l’éviter. La luge obéit, mais il la ramena en ligne, la maintint droite et fonça sur la masse noire en saillie. Il eut conscience d’un dernier moment où l’air lui fouettait la figure comme des millions de fils de fer en feu. Puis il n’y eut plus que l’orme…

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Le ciel était toujours obscur, mais en levant les yeux il vit une étoile, une seule. Vaguement il essaya de la reconnaître. Était-ce Sirius… ou bien était-ce… ? L’effort le fatigua à l’excès. Il referma ses paupières pesantes, et songea qu’il serait bien bon de dormir…

Le silence était si profond qu’il entendit le vagissement d’un petit animal quelque part sous la neige. C’était comme la plainte menue et craintive de la souris des champs, et Ethan se demandait distraitement ce que pouvait avoir la petite bête. Puis il comprit qu’elle devait souffrir, d’une souffrance si atroce qu’il lui semblait, mystérieusement, en ressentir la répercussion dans tous ses membres. Ayant vainement essayé de se retourner dans la direction d’où venait le bruit, il allongea le bras sur la neige.

Maintenant le bruit n’était plus qu’un souffle,