Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/37

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neige immaculée jusqu’à l’angle opposé du bâtiment. Une fois là, tout en ayant soin de rester dans l’ombre, il s’approcha de la fenêtre la plus voisine. Rejetant en arrière son corps long et mince, il tendit le cou de manière à pouvoir jeter un œil dans la salle.

De la nuit pure et glacée d’où Ethan l’observait, la grande pièce remplie de monde semblait en pleine ébullition. Les réflecteurs à gaz projetaient une lumière crue sur les parois blanchies à la chaux. Le poêle ronflait comme s’il eût contenu dans ses flancs un feu volcanique. Les danseurs étaient rassemblés au milieu de la salle, et les femmes plus âgées venaient de se lever des chaises de pailles alignées le long des murs.

La musique avait cessé. Le violoniste et la jeune fille qui tenait l’harmonium à l’office du dimanche se restauraient en hâte sur un coin de la table dressée pour le souper, où l’on voyait encore des restes de pâtés et de glaces. Le moment du départ était proche, et l’on se dirigeait déjà vers le vestiaire, lorsqu’un jeune homme brun, à l’allure éveillée, sauta au milieu du plancher et se mit à frapper dans ses mains.

Ce geste eut un effet immédiat : les musiciens bondirent sur leurs instruments, et les danseurs emmitouflés s’alignèrent des deux côtés de la salle. Les gens plus âgés regagnèrent leurs sièges, et le sémillant