Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

traient sur la soirée qu’il allait passer avec Mattie. Une seule chose le préoccupait encore : il avait dit à Zeena que son chargement de bois devait lui être payé comptant, et il prévoyait si nettement les conséquences de ce mensonge qu’il se décida, non sans répugnance, à prier Andrew Hale de lui avancer quelque argent sur la livraison.

À son entrée dans la cour de l’entrepreneur il trouva celui-ci qui descendait de traîneau.

— Bonjour, Ethan, lui dit Hale. Vous arrivez bien…

Le visage rubicond d’Andrew Hale était barré d’une forte moustache grise. Aucun col ne gênait son double menton mal rasé, mais sa chemise, d’une blancheur sans tache, était toujours fermée par un petit bouton de diamant. Signe d’opulence du reste trompeur, car bien qu’il fît d’assez belles affaires, on savait que ses goûts dispendieux et les exigences de sa nombreuse famille lui créaient souvent de « l’arriéré ».

Hale était un vieil ami de la famille Frome. Sa maison était l’une des rares que Zeena honorait quelquefois d’une visite, car la femme d’Andrew avait été dans sa jeunesse la malade la plus importante du village, et ce passé lui valait d’être considérée comme une autorité en matière de diagnostics et de remèdes.

Hale s’avança vers les chevaux et caressa leurs flancs en sueur.