Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/84

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— Bigre, mon vieux, vous soignez ces deux-là comme s’ils étaient vos propres enfants !

Ethan déchargea le bois. Sa besogne finie, il poussa la porte vitrée du hangar, que l’entrepreneur avait transformé en bureau. Hale était assis, les pieds sur le poêle, le dos appuyé contre un pupitre usé, couvert de papiers. La pièce ressemblait à son propriétaire : tout y était accueillant mais désordonné.

— Mettez-vous là et chauffez-vous, dit-il à Ethan avec bonhomie.

Ethan ne savait trop comment présenter sa requête : après avoir vainement cherché une entrée en matière, il finit par demander à brûle-pourpoint une avance de cinquante dollars.

Devant le geste de surprise de Hale, un flot de sang monta au visage du jeune homme. C’était l’habitude de l’entrepreneur de payer tous les trois mois, et il n’y avait pas de précédent entre eux d’un règlement au comptant.

Ethan sentit que s’il avait argué d’un besoin urgent, Hale eût peut-être trouvé moyen de le contenter. L’amour-propre et une instinctive prudence l’empêchaient d’avoir recours à cet argument. À la mort de son père il avait mis un certain temps à se tirer d’affaire, mais il avait eu la satisfaction de ne recourir ni à Andrew Hale ni à personne d’autre : à plus forte