Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/90

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tandis qu’il fermait l’écurie et montait la pente vers la maison. Il atteignit la porte de la cuisine et tenta en vain de l’ouvrir.

Étonné, il secoua violemment le loquet ; puis il réfléchit : « Mattie est seule… Il est naturel qu’elle se soit enfermée à la nuit. » Il écoutait dans l’obscurité, guettant le son d’un pas… Après avoir de nouveau tendu l’oreille, il cria d’une voix joyeuse :

— Holà ! Mattie !…

Il n’y eut aucune réponse ; mais un instant après il entendit un léger bruit dans l’escalier et vit sous la porte un rayon lumineux. La fidélité avec laquelle les incidents de la veille se répétaient le frappait à ce point qu’il s’imagina presque, lorsque la clef tourna, que sa femme allait surgir devant lui, enveloppée dans son couvre-lit de calicot… La porte s’ouvrit, et ce fut Mattie qui parut…

Elle se tenait exactement comme Zeena, dans le cadre sombre de la cuisine. La lampe, maintenue à la même hauteur, éclairait avec la même netteté la gorge ronde de la jeune fille et son poignet ambré, menu comme celui d’un enfant. Puis elle éleva la lampe et la lumière aviva l’éclat de ses lèvres, mit autour de ses yeux une ombre veloutée, éclaira la blancheur laiteuse de son front au-dessus des longs sourcils noirs.