Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/91

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Mattie était habillée de sa robe habituelle de lainage sombre. Elle ne portait pas de nœud au cou, mais dans sa chevelure elle avait disposé une torsade de ruban rouge. Cette marque de coquetterie charma Ethan, comme un hommage rendu à ce que la situation avait d’exceptionnel. La jeune fille lui parut plus grande, plus svelte, plus complètement femme par l’allure et le geste. Elle l’accueillit avec un sourire silencieux, puis elle s’éloigna d’un pas souple et posa la lampe sur la table. Ethan vit alors que le couvert avait été soigneusement dressé pour le repas du soir. Il remarqua un plat de doughnuts[1], une compote de blueberries[2], et, sur un beau plat de verre rouge, ses pickles préférés. Le chat, allongé devant le feu clair qui flambait dans le poêle, surveillait la scène du coin de son œil à demi clos.

Une sensation de bien-être envahit brusquement Ethan. Il gagna l’entrée pour accrocher sa pelisse et retirer ses chaussures mouillées. Lorsqu’il revint, Mattie avait placé la théière sur la table et le chat se frottait familièrement contre sa jupe.

— Prends garde, Puss ! tu vas me faire tomber… s’écria-t-elle, les yeux brillants.

Une fois, encore, Frome se sentit mordu par une

  1. Gâteau américain.
  2. Myrtilles sauvages.