Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/561

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ROUTE DES INDES 177 Le nuançant de resplendissantes nuances. Tel le premier rôle, Vers la rampe s’avance en quelque grande scène, Dominant les autres, j ’aperçois l ’Amiral lui-même, (Le type, dans l’histoire, de courage, action, foi), Le regarde partir de Palos menant sa petite flotte, Regarde sa traversée, son retour, sa grande gloire, Ses infortunes, ses calomniateurs, le regarde prisonnier, chargé de chaînes, Regarde son abattement, sa pauvreté, sa mort. (Curieux, je me tiens dans le temps, marquant les efforts des héros, Longue est l’attente? Amères les calomnies, la pauvreté, la mort ? La semence reste des siècles en terre négligée ? Voici qu’à l’heure voulue de Dieu, Elle lève dans la nuit, pousse, fleurit, Et remplit la terre d’ avantage et beauté.)

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Route en vérité, ô âme, de la primitive pensée, Point les terres et mers seules, mais ta fraîcheur claire, La jeune maturité du poussin et de la fleur, Vers les royaumes des bibles qui éclosent. 0 âme, sans restriction, moi avec toi, toi avec moi, Commence ton périple du monde, Le périple de l ’homme, le voyage de retour de son esprit, Vers les premiers paradis de la raison, Loin, loin vers le berceau de la sagesse, vers les intuitions candides,