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Page:Whitman - Feuilles d’herbe, trad. Bazalgette.djvu/655

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CHANTS D’ADIEU



Glorieuse la lumière qui passe en cet instant — glorieux le
pâle reflet sur la nouvelle lune à l’ ouest du ciel,
Glorieux tout ce que je vois ou entends ou touche, jusqu’ au
bout.


Le bien dans tout,
Dans le contentement et l’équilibre des animaux,
Dans l’annuel retour des saisons,
Dans la jovialité de la jeunesse,
Dans la force et l’ardeur épanouie de l’âge viril,
Dans la grandeur et l ’exquis de la vieillesse,
Dans les perspectives magnifiques de la mort.


Prodigieux de partir !
Prodigieux d’être ici !
Le cœur, de lancer le sang à tous commun et innocent !
Aspirer l’air, combien délicieux J
Parler — marcher — prendre quelque chose avec la main !
Me disposer à dormir, à me coucher, regarder ma chair ro­
sée !
Avoir le sentiment de mon corps, si heureux, si ample !
Etre cet incroyable Dieu que j e suis !
Etre allé parmi d’autres Dieux, ces hommes et femmes que
je chéris.


Prodigieux comme je célèbre toi et moi-même !
Comme subtilement jouent mes pensées devant les spec­
tacles alentour I
Comme silencieusement les nuages passent au-dessus de ma
tête !
Comme la terre file, file !et comme soleil,lune,étoiles filent,
filent !
Comme l ’eau joue et chante ! (sûrement elle est en vie ! )

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