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CHAPITRE V

expédition) est souvent forcé de faire à une extrémité de sa corde une boucle qu’il accroche à quelque rocher pour se laisser glisser en tenant l’extrémité qui est restée libre. On décroche la boucle en lançant la corde en l’air et en la secouant fortement, et l’opération peut être recommencée plusieurs fois. Mais souvent on n’a pas à sa portée de rochers qui permettent l’emploi de ce moyen ; il faut alors recourir au nœud coulant qui serre fortement la corde. Ne pouvant donc plus reprendre sa corde en la secouant, on est obligé de la couper et de l’abandonner. Pour remédier à cet inconvénient, j’avais attaché solidement à l’un des bouts de ma corde un anneau en fer forgé (de 5 centimètres environ de diamètre, et d’une épaisseur d’un centimètre). Je pouvais aisément former une boucle en passant l’autre bout de la corde dans l’anneau qui remontait et s’arrêtait solidement contre une anfractuosité du roc, pendant que je descendais à l’aide de ce bout resté libre. Parvenu au bas de la pente, je tirais une petite corde très-solide, qui était en outre attachée à l’anneau ; celui-ci redescendait et je défaisais très-facilement la boucle que j’avais faite.

Grâce à ces deux inventions fort simples, je parvenais à monter et à descendre des parois de rochers qui sans cela eussent été pour moi complétement inaccessibles.

Les rochers de l’arête du sud-ouest, je l’ai déjà constaté plus haut, n’offrent aucune difficulté sur une certaine étendue au-dessus du col du Lion. Cela est vrai de ceux qu’il faut gravir pour atteindre la Cheminée ; mais le niveau de la Cheminée dépassé, les rochers, plus escarpés et presque polis, ne présentent qu’un petit nombre de fractures, et, s’inclinant de plus en plus, deviennent assez dangereux, surtout quand ils sont recouverts de glace. Arrivé à ce point (juste au-dessus de la Cheminée), on est obligé de suivre le