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ESCALADES DANS LES ALPES.

splendide, je continuai à monter à la recherche d’une autre place plus élevée pour y dresser ma tente.

Mes excursions solitaires dans des espaces aussi vastes m’ont démontré qu’un homme seul est exposé à de nombreuses difficultés qui n’embarrassent guère un groupe de deux ou trois individus, et que le désavantage de l’isolement est bien plus sensible à la descente qu’à la montée. Dans l’intention de parer à ces inconvénients, j’avais inventé deux petits engins dont j’allais me servir pour la première fois. L’un était une espèce de crochet double ou de grappin, long d’environ 12 centimètres, en acier bien trempé, épais de 50 millimètres. Il devait me servir dans les passages difficiles où il n’y aurait aucun point d’appui à la portée de la main, mais où je trouverais à peu de distance au-dessus une fissure ou une aspérité quelconque. Solidement fixé à l’extrémité du bâton ferré (alpenstock), on pouvait le placer aux endroits les plus favorables, et, dans les circonstances extrêmes, je devais le lancer jusqu’à ce qu’il restât accroché à quelque obstacle suffisant pour l’arrêter. Les pointes tranchantes qui le retenaient aux rochers étaient dentelées afin d’avoir plus de prise ; enfin l’autre extrémité de ce grappin se terminait par un anneau dans lequel une corde était passée. Cet instrument ne peut servir que sur une très-faible étendue de terrain, mais il était utile à la montée, pour gravir des escarpements de quelques mètres et on pouvait l’employer dans la descente, à la condition d’être très-prudent, pour une plus grande hauteur, parce qu’il était facile de donner une plus grande solidité aux crochets. En ce cas il devenait nécessaire de tenir la corde tendue en ligne droite, sinon le grappin avait une tendance à se détacher.

Ma seconde invention consistait en une simple modification d’un procédé employé par tous les grimpeurs. Dans les descentes, un homme seul (ou celui qui forme l’arrière-garde d’une