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ESCALADES DANS LES ALPES.

chaîne continue à se relever à mesure qu’elle s’étend vers le sud, et son point culminant est la montagne que les ingénieurs français ont appelée le sommet de l’Ailefroide. Dans le pays on l’appelle très-communément l’Aléfroide.

Il règne quelque incertitude sur l’élévation de cette montagne[1]. Les Français lui donnent au maximum 3925 mètres, mais M. Tuckett, qui avait emporté un bon théodolithe au sommet du mont Pelvoux (dont il évalua l’altitude à 3954 mètres) d’accord avec son prédécesseur, constata que le sommet de l’Aléfroide dépassait sa station de 4′ ; or, comme la distance entre les deux points était de 3799 mètres, il devrait y avoir une différence de 5 mètres d’altitude en faveur de l’Aléfroide. En 1861, quand je vis cette montagne de la cime du Pelvoux, j’hésitai à décider quelle était la plus haute des deux ; et, en 1864, du sommet de la Pointe des Écrins (comme je vais le raconter tout à l’heure) elle me parut vraiment plus élevée que le Pelvoux. Aussi je ne doute guère que M. Tuckett n’ait raison en donnant à l’Aléfroide une altitude d’environ 3961 mètres, au lieu de 3925 mètres que lui assignent les ingénieurs français.

Le mont Pelvoux est situé à l’est de l’Aléfroide et en dehors de la chaîne principale, et le Pic sans Nom (3914 mètres) se dresse entre ces deux montagnes. Le Pic sans Nom est un des pics les plus grandioses du Dauphiné, mais il est tellement renfermé au milieu des cimes qui l’entourent qu’on le voit rarement, si ce n’est d’une grande distance, et alors on le confond ordinairement avec les sommets voisins. Son nom a été par erreur omis sur la carte, mais sa position est indiquée par la grande masse de rochers, presque entourée de glaciers, que l’on remarque entre les mots Ailefroide et mont Pelvoux.

La dépression la plus basse de la chaîne principale, au sud de l’Aléfroide, est le col du Selé qui, suivant M. Tuckett, a 3302 mètres. La chaîne, se relevant de nouveau, rejoint, un peu

  1. On peut la voir dans la gravure de la page 39. Elle offre plusieurs pointes également élevées, qui toutes paraissent accessibles. L’ascension de l’une d’elles a été faite en 1870.