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ESCALADES DANS LES ALPES.

Mais les heures s’écoulaient et la monotonie restait à l’ordre du jour. À midi, nous nous arrêtâmes pour déjeuner, en contemplant avec satisfaction le beau spectacle qui s’étalait sous nos yeux. À l’exception du Viso, tous les sommets que nous apercevions étaient au-dessous de nous et nos regards embrassaient un espace immense, — un véritable océan de pics et de champs de neige. Toutefois les bastions du Pelvoux nous dominaient toujours, et, selon l’opinion générale qui s’exprimait sans contestation, nous ne verrions pas ce jour-là le sommet désiré. Le vieux Sémiond était devenu un vrai cauchemar pour




nous tous. Si par hasard l’un de nous, s’arrêtant un instant, essayait de s’orienter, il ne manquait pas de dire avec un gros rire bête : « N’ayez aucune crainte, suivez-moi. » Nous atteignîmes enfin un très-mauvais passage, un amas de débris escarpés, sans aucun point d’appui solide. Reynaud et Macdonald, se déclarant fatigués, parlèrent de s’installer pour dormir. Nous parvînmes à sortir d’embarras, et je ne sais plus qui s’écria : « Regardez donc le Viso ! » Il nous apparaissait presque au-dessous de nous. Nous nous mîmes donc à grimper avec un redoublement d’énergie, et nous aperçûmes enfin le