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Page:Widmann - La Patricienne, trad P César, 1889.djvu/103

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la patricienne

L’enfant, surpris, regarda son précepteur.

— Vois-tu, en hiver, la nature que tu trouves si belle, c’est une vaste page blanche. Mais vienne la belle saison ! Alors, les pages de notre ouvrage se couvrent de lettres nombreuses, non plus noires, mais aux couleurs les plus variées et les plus éclatantes !

— Les fleurs ! les fleurs ! s’écria Amédée. À présent, je comprends, je comprends.

— Tu as bien deviné, répondit Jean. Ce serait presque un crime d’étudier une autre science que la botanique.

— Et le latin ? observa Dougaldine.

— Nous n’aurons garde de l’oublier, mademoiselle. Toutes les plantes portent, avec leurs noms vulgaires, un autre nom latin. Il vaut peut-être mieux que votre frère fasse connaissance avec des expressions telles que : Salvia pratensis, Campanula et Primula officinalis que de se tourmenter la tête avec de vieilles formules. Donc, pour le moment, il ne sera pas question de livres. Quant au papier, nous n’en emploierons que pour notre herbier, ou, si tu préfères, pour notre collection de plantes et de fleurs.

Cela dit, le docteur s’inclina et, prenant Amédée par la main, ils s’éloignèrent et gagnèrent les champs. L’enfant était tout heureux à l’idée d’étudier la botanique.

Mlle Marthe les avait suivis du regard, en murmurant pour elle seule, mais assez haut pour que sa nièce l’entendit :

— Voilà un homme comme on en rencontre peu.

Dougaldine se détourna, sans doute pour cacher à sa tante la pourpre de ses joues. Ses beaux yeux, comme illuminés d’un éclat merveilleux, parurent