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Page:Widmann - La Patricienne, trad P César, 1889.djvu/119

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la patricienne

— Et quelle est-elle ? interrogea la jeune fille, non sans que son regard décelât une certaine émotion.

— Il me faudrait un congé de quelques jours. Voici longtemps que je n’ai plus vu mon père. Or, comme je ne suis guère qu’à six ou sept lieues de notre village, je voudrais lui faire une visite.

— Mais, M. le docteur, répliqua vivement Dougaldine, vous savez bien que, pour cela, vous avez la liberté la plus complète.

— Permettez, mademoiselle ! Je suis à présent au service de M. Fininger. Mon temps lui appartient, et, comme il n’est pas là, je me trouve sous vos… ordres ; en un mot, je vous dois obéissance, ainsi que le doit un serviteur fidèle à sa maîtresse.

Ce dernier mot, pris dans son sens le plus noble, et que certains amoureux réservent à la femme de leur choix, avait aussi, en passant sur les lèvres du jeune homme, qui tremblèrent légèrement, un son d’une infinie douceur, exprimant le plus profond respect. Dougaldine en fit la remarque. Toutefois, avant qu’elle répondît, Amédée, qui était présent, s’écria vivement :

— Dougaldine, n’est-ce pas ? tu veux que j’accompagne M. le docteur. Ah ! ce serait pour moi une si grande joie !

— Mais, il n’est pas en mon pouvoir de te satisfaire, observa Dougaldine. J’ignore si ta société est agréable à M. Almeneur. C’est à lui à décider.

— S’il en est ainsi, dit Jean, j’emmène votre frère. J’avais même l’intention d’en solliciter auprès de vous la permission. Une course dans les montagnes ne lui fera que du bien.

— Alors, c’est entendu. Quand partez-vous ?