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Page:Widmann - La Patricienne, trad P César, 1889.djvu/137

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la patricienne

ce qui n’arrêta point la conversation. Ces braves gens étaient si heureux de passer une heure ensemble !

Jean avait pris quelques renseignements pour l’excursion projetée. Les vallées supérieures étaient praticables. Par-ci par-là, on rencontrait bien encore les dernières traces de l’hiver ; mais, avec du courage et de la prudence, on ne courait aucun danger sérieux à s’aventurer dans les parages plus élevés.

— Si cela te plaît, dit le docteur à Amédée, nous ne rentrerons à Beau-Port qu’après-demain.

Le jeune garçon, qui avait d’abord regardé tout ce monde avec une certaine surprise, avait cependant fini par trouver un intérêt piquant à observer ces vigoureuses natures. Aussi fut-il de suite d’accord avec la proposition de son précepteur. D’ailleurs, il tenait également à voir de près les merveilles de ces hauts sommets, notamment la gorge sauvage dont lui avait parlé Jean, de même que le lac qui baigne le bord des neiges éternelles.

Il y avait un bureau télégraphique dans le village. Le docteur jugea qu’il était convenable de prévenir Dougaldine. Leur voyage se prolongerait d’un jour ou deux. Il lui expédia donc une dépêche pour lui en demander la permission. Vers le soir, la réponse arriva, ainsi conçue :

— Faites comme bon vous semblera.

Il fut froissé de ce laconisme. Et, avec cela, aucune signature. Naturellement, on ne pouvait guère attribuer ce fait à une pensée d’économie. Si Dougaldine n’avait pas mis son nom au bas de ces quelques mots, c’est parce que le télégramme lui était adressé, à lui, le docteur Almeneur, le précepteur à gages, l’homme du peuple. C’était la seule et