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la patricienne

si vous avez faim, on vous servira à manger. Après, tu peux revenir et jouer avec nous.

Ces paroles prononcées, elle alla se placer de nouveau à côté de Max de Rosenwelt.

Amédée, habitué aux caresses de sa sœur, était tout décontenancé : il ne croyait pas avoir mérité un tel accueil. Mais, Dougaldine ne voulut point voir qu’elle avait fait mal à son frère, car elle était rentrée dans le jeu et venait, par un maître coup, de lancer la balle avec tant de force qu’elle s’envola par-dessus la haie vive du jardin.

— Bravo ! Mademoiselle ! Bravo ! s’exclama de Rosenwelt, qui saisissait habilement toutes les occasions de flatter la jeune patricienne.

— Suis-moi. Amédée, dit le docteur, en prenant son élève par la main.

Et, sans se retourner, ils disparurent dans l’intérieur de la villa, tandis qu’éclataient toujours les rires sonores sous les arbres de la pelouse. Jean Almeneur était mordu au cœur. Une jalousie naissante le tourmentait et il ne pardonnait pas à Dougaldine de le faire souffrir ainsi.

Mlle Marthe les reçut de la façon la plus cordiale. Elle ne les laissa manquer de rien. Sans qu’il eût besoin de le lui demander, le docteur apprit que les amies de Dougaldine, Gisèle, Marguerite et Charlotte étaient déjà depuis deux jours à la villa et qu’elles y resteraient jusque vers le milieu de la semaine prochaine. La veille seulement, Max de Rosenwelt s’était présenté à Beau-Port. Ces demoiselles l’avaient accueilli avec empressement et l’avaient invité à jouer au crochet avec elles, jeu dans lequel, paraissait-il, il excellait.