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Page:Widmann - La Patricienne, trad P César, 1889.djvu/181

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la patricienne

qu’il produit. Puis, une fois qu’il a trouvé une belle relation, il sait l’exploiter de la manière la plus adroite. Volontiers, et par calcul, il se montre en public avec des personnages de marque, afin d’en imposer aux autres qu’il fréquente et qui peuvent ainsi le voir. Allez vous-même chez l’ambassadeur, ou seulement chez son secrétaire, et informez-vous s’ils ont entre les mains le moindre petit papier, la plus faible des preuves qui établisse l’identité et l’honnêteté de Max de Rosenwelt.

— Je verrai demain l’un ou l’autre de ces messieurs, fit le docteur.

La pauvre fille s’effraya visiblement.

— Malheur à moi ! s’écria-t-elle. Qu’ai-je dit ? Si vous mettez votre projet à exécution, vous lancez toute la police aux trousses de cet homme… le seul qui puisse me rendre ou réparer mon honneur…

— Vous y songez encore ? Même si cet homme est un chevalier d’industrie, un être digne de mépris, sans foi ni loi, ce que je commence fortement à croire ; qui sème, partout où il se présente, le trouble et l’infamie ?

— Ah ! Je ne le vois et ne le sens que trop, vous avez raison ! Mais je sens et je vois aussi que je suis perdue, perdue irrémissiblement.

Et elle se tut, la voix pleine de sanglots. Tout à coup, il lui sembla percevoir, dans l’allée des platanes, le bruit du sable criant sous les pas d’une personne. Elle écouta un instant, puis se leva, comme épeurée, et courut vers sa barque.

— Quoi ? Vous voulez déjà partir ? s’écria Jean.

— Oui, oui ! Loin, bien loin de ce rivage, et loin, bien loin aussi du rivage de la vie ! Il y a encore