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LA PATRICIENNE



III


Le lendemain, en effet, Jean Almeneur, qui avait laissé passer le moment convenable où l’on se présente dans le monde, sonnait à la porte de M. Fininger, vers quatre heures de l’après-midi. Il avait eu peine à se décider à cette démarche, malgré la promesse qu’il en avait faite au professeur.

Une jeune fille vint lui ouvrir et le conduisit dans le salon du premier étage. La lumière du dehors, en pénétrant dans cette pièce, permettait au regard d’en observer l’ameublement. Jean était demeuré là seul, la soubrette étant allée prévenir ses maîtres. Le docteur remarqua d’abord, sur la cheminée en marbre et de chaque côté d’une pendule en bronze, ouvrage de grand style, toute une série de verres allongés dans lesquels plongeaient des bulbes de jacinthes en fleurs, dont le parfum imprégnait l’air de la chambre de senteurs alanguissantes. D’épais tapis étouffaient le bruit des pas. Les boiseries étaient en vieux chêne, d’un brun châtain luisant, et relevé de filets d’or. On admirait surtout le plafond en stuc, d’un travail superbe. De lourds rideaux en velours masquaient une partie des hautes fenêtres. Quelques portraits, dans leurs cadres dorés, représentaient sans aucun doute des membres de la famille disparus, hommes et femmes en costumes des siècles passés. À droite