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Page:Widmann - La Patricienne, trad P César, 1889.djvu/39

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LA PATRICIENNE

cette maturité et cette sûreté quasi virile que l’on rencontre parfois chez les jeunes filles auxquelles les mères, mortes trop tôt, ont laissé le soin de veiller sur toute la famille.

Asseyons-nous ! ajouta-t-elle, en prenant place cette fois dans une niche de fenêtre et en montrant un tabouret au docteur.

— Eh bien, mademoiselle, reprit celui-ci, si la question m’est permise, oserais-je vous demander la raison pour laquelle votre frère ne fréquente plus nos classes publiques ?

— Eh ! mais, oui ! Il est impossible qu’une telle école, ainsi ouverte à tout le monde, puisse donner une bonne éducation.

Rapidement le docteur répondit :

— En tout cas, il paraît qu’elle contribue à former des maîtres capables de la remplacer.

Mlle Fininger avait la repartie prompte.

— Oui, des maîtres ! fit-elle, avec une nuance de mépris dans la voix. Oui, des maîtres ! Mais ce ne sont pas toujours des éducateurs, des conseillers. On n’est jamais bien élevé, ni bien instruit que par ses semblables.

Jean, durant quelques secondes, observa attentivement son interlocutrice, comme s’il eût douté que les paroles qu’il venait d’entendre, où le vrai et le faux se mêlaient habilement, fussent réellement d’une aussi jeune et aussi jolie personne. Puis, il dit :

— Vous affirmez, mademoiselle, et d’un ton qui ne souffre point de réplique, qu’on n’est bien élevé bien instruit que par ses semblables. À votre point de vue, vous avez peut-être raison. Mais, discutons