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LA PATRICIENNE



IV


Les leçons avaient commencé. Tous les jours, à sept heures précises, le docteur arrivait ; le salon, inoccupé durant la matinée, servait de chambre d’étude. À dix heures les leçons étaient terminées. Par leçons, nous entendons des entretiens familiers entre le maître et l’élève. Quinze jours s’écoulèrent ainsi, sans qu’il fût possible à Jean d’entrevoir seulement la sœur d’Amédée. Quant au père, il l’avait aperçu nne fois ou l’autre, mais il n’avait pas causé avec lui.

Toutefois, quoique le précepteur n’eût aucune relation avec les autres membres de la famille, il n’en était pas moins l’objet de leurs conversations.

À table, lorsqu’il était question d’un sujet scientifique quelconque, toujours le nom du docteur reparaissait dans les paroles qu’échangeaient M. Fininger et ses enfants. Amédée subissait visiblement l’influence du précepteur : les choses du monde physique et celles du monde intellectuel n’eurent bientôt plus d’intérêt pour lui qu’autant qu’elles en avaient pour son maître. Puis, que de faits à citer lui fournissaient ses leçons et la manière originale dont elles étaient données ! Jean procédait vraiment d’une façon toute particulière. Ainsi, pour l’enseignement de la géographie, il avait, dès le début, mis sous les yeux d’Amédée le récit d’une expédition au