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LES ORIGINES DE LA MUSIQUE

chantait qu’a l’unisson… Il ne suffit pas à l’unisson d’un chœur d’être soutenu par un même unisson instrumental, pour s’acquitter honorablement de sa tâche. Or, même pour un soliste, les intonations de l’hymne de Delphes présentent des difficultés : il a été exécuté en chœur par les artistes dionysiaques d’Athènes, assure-t-on… bien ou mal, Apollon seul le sait.

Chez nous, à une première répétition d’orchestre, si l’œuvre est d’un maître, chacun devine son rôle dans la symphonie ; premier, second on troisième plan, chacun le sent, parce qu’il y a une basse, un centre de gravité d’après lequel tout s’échafaude et tout se comprend. Mais, s’il n’y a ni basse, ni centre de gravité, mais seulement une mince ligne mélodique plus ou moins pure, que comprendre, où se repérer ?

Aristote l’a dit et nous le redisons : « Pourquoi, de tous les instruments, le plus beau, la voix, devient-elle inférieure à eux tous, quand elle n’a pas le secours de la parole ? »

La parole devait donc être, pour les chanteurs d’alors, ce qu’est dans nos bains froids la perche tendue aux élèves de natation. « Les anciens, dit très justement M. Th. Reinach, n’avaient recours à la notation des durées que lorsque les valeurs rythmiques ne résultaient pas avec évidence du mètre poétique, et celui-ci de la quantité naturelle des syllabes. » Chez le poète musicien, le musicien était naturellement aux ordres du poète.

Une question maintenant : « Sommes-nous assurés de l’exacte interprétation des « hiéroglyphes » de Delphes et d’ailleurs ? »

C’est Alypius, de l’époque romaine, qui nous en

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