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INITIATION MUSICALE

est inscrit sur les assises d’un temple aujourd’hui disparu ; l’autre a été péniblement reconstitué en rajustant les morceaux d’une stelle meurtrie.

Quant aux papyrus d’Alexandrie (de 10 centimètres carrés), au recto, c’est un fragment d’hymne en l’honneur de la Trinité ; au verso, un compte courant, quelques chiffres. — Bibliothèque de l’Université d’Oxford

Avouons-le : loin de nous éclairer, ces pauvres épaves ne font que jeter le trouble dans nos esprits, car elles concordent mal avec les écrits des philosophes. Chaque jour, sur l’Agora, devant le théâtre, les actes officiels, les édits des archontes, les convocations de tout genre se faisaient au son des trompettes, de leurs sonneries naturelles, octaves, quintes, quartes, tierces, l’arpège consonant.

Comment la vérité harmonique que proclamaient ces fanfares semble-t-elle avoir été ignorée des compositeurs d’alors ? Comment choisir le sombre maquis des demi-tons quand il s’agit de chanter l’idéal de beauté, de grandeur, d’éclatante lumière, Phébus-Apollon ?

Évidemment, nous sommes mal préparés à pénétrer un art si distant du nôtre, où tout nous semble décor et façade, alors que nous jugeons tout au point de vue « construction », en ramenant tout au concept symphonique, à la basse, à la fondamentale.

Puis, que croire, lorsque Platon, Aristote, Aristoxène et les autres nous parlent consonance et dissonance, tandis que, dans nos épaves, il ne se trouve pas la moindre preuve de l’emploi collectif de ces intervalles ?

On s’accorde à nous dire que l’Antiquité ne

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