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LES ANCIIÊTRES

fait longuement dans la version française de l’édition Schirmner[1], ni des Concertos, ni du Clavecin bien tempéré[2], ni des Sonates[3], non plus que de tant de pièces universellement connues, mais je protesterai, dans les éditions récentes, contre les nuances, les articulations, les mouvements irrévérencieusement prêtés au maître.

Chez lui, tout est simple. Comme un dessin noir sur blanc, sa musique oppose piano à forte. C’est le procédé du concerto, l’alternance du Tutti vigoureux de l’orchestre et des arabesques délicates du soliste.

Si son architecture comporte plusieurs plans, à nous de les respecter. Exemple :

Le thème est en ut (exposition et péroraison) : forte.

Il reparaît en la (1er relatif mineur) : mezzo forte.

Puis en mi (2e relatif mineur) : piano.

En réalité, Bach procède par gradations bien plus que par nuances. Toujours claire, la pensée se manifeste au mépris de tout artifice d’interprétation.

Avant trente ans, il s’était senti assez sûr de lui-même pour arrêter ses programmes et fixer le choix de ses expressions mystiques : joie, tristesse, con-

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  1. Widor et Schweitzer, Les Préludes et les Fugues (New York).
  2. Czerny en a fait l’étude la plus approfondie, la plus intelligente par ses combinaisons de doigtés, qui, mieux que tous commentaires, expliquent le texte musical.
  3. L’adagio de la IIIe (clavecin et violon) est le chef-d’œuvre de la mélodie continue :
    
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