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INITIATION MUSICALE

l’Empereur : « Il y a dix-sept ans, dit-il, que j’ai écrit son oraison funèbre. »

Alors, vivait, à Vienne, une jeune pianiste alsacienne de grand talent, récemment mariée à l’un de nos attachés aux Affaires Étrangères, M. Bigot. C’est à elle que nous devons le manuscrit de la sonate Appassionata (Bibliothèque du Conservatoire). Voici comment M. Bigot lui-même nous conte l’histoire :

« À la fin de septembre 1808, Beethoven revenait de passer quelques semaines chez le prince Lichnowski. Une pluie d’orage avait transpercé sa malle, et je le vois entrer chez nous en riant, un manuscrit tout mouillé à la main. Ma femme s’en empare avec précaution, le met sur son piano, et, sans s’inquiéter des ratures, sans hésitation, d’un bout à l’autre, le déchiffre, à la grande surprise de l’auteur ; après quoi, elle se permet de lui réclamer le précieux autographe : « Dès qu’il reviendra de chez le graveur, je vous le rendrai, » répondit-il, et il tint parole. »

Nous avons, à la bibliothèque du Conservatoire, une admirable collection de manuscrits. Nous avons quantité de livres rares, quelques-uns uniques. Nous avons tout le matériel d’orchestre de Versailles (de Louis XIV à la Révolution). Nous avons de belles reliures, opéras, cantates, pièces de tout genre, aux armes de France, du Dauphin, des Princes, de Marie-Leczinska, de Marie-Antoinette, de Mme de Pompadour, de Mme du Barry. Le contenant est malheureusement indigne du contenu. C’est moins une bibliothèque que l’arrière-boutique d’un libraire.

À la Bibliothèque Nationale, à l’Arsenal, à Sainte-Geneviève, se trouvent des trésors.

Espérons

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