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INITIATION MUSICALE

C’est une formule adoptée par les solfèges, dans le dessein d’éviter aux chanteurs l’écart du la au si naturel. Comme on doit, avant tout, ménager l’attraction de la sensible vers la tonique, c’est le sixième degré qu’on exhausse, puis, en revanche, le septième qu’on bémolise, quand, par le fait de son mouvement rétrograde, il perd son caractère de sensible.

Le mouvement d’unification tonale, qui date des premiers temps du christianisme, s’accélère sous l’impulsion de saint Ambroise, saint Augustin, des évêques et des moines mélomanes ; au Moyen Âge, grâce aux Trouvères, aux Ménestrels, avec la musique profane, enfin avec la Réforme. Dans sa retraite de la Wartburg, où il avait emmené son chantre, Luther se faisait, par bribes, chanter l’antiphonaire. Sur sa flûte, il répétait chaque phrase : « Cela reste, cela sera retenu, » disait-il, et l’on en prenait note. « Cela ne reste pas » et l’on passait outre. Telle est l’origine de la plupart des Chorals.

Ainsi vinrent se fondre, dans une instinctive aspiration vers l’unité, les modes antiques.

Tonalité. ↔ Nous n’avons donc qu’une gamme, mais cette gamme peut se transposer en prenant successivement pour points de départ les douze demi-tons chromatiques. Ainsi disons-nous : la romance en sol, la ballade en fa, la symphonie en la. En sol, en fa, en la, c’est toujours la même disposition des tons et demi-tons vis-a-vis la tonique, le point de départ.

Et c’est ce rapport des tons secondaires avec le ton premier qui constitue la tonalité.

Quand on monte la spirale des quintes accordées

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