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ÂME BLANCHE

un système nerveux vibrant comme la harpe éolienne. Peut-être est-ce à ces rappels nombreux que je dois d’avoir retenu si minutieusement un incident, à la vérité, moins frappant que d’autres, qui se produisirent après, quand j’étais plus âgée et, partant, plus capable, semble-t-il, d’observer et de retenir.

Ce qu’il y a de certain, c’est que je n’ai aucun souvenir si clair, si positif, si vivant que celui-là, et que la forme physique de ma mère, avant la catastrophe, ne se présente jamais à moi autrement que telle que je la vis en ce jour d’automne assombri et frais, comme je revenais d’une faiblesse dans ses bras.

J’avais quatre ans lorsqu’on nous sépara.

Mon père, lieutenant aux guides, était mort quelques mois auparavant, au Congo, où il était parti en exploration, à l’exemple de nombre de ses camarades, tout jeunes, comme lui, et qui jugeaient les moyens de parvenir à un haut grade dans l’armée vraiment trop rares et trop difficiles en Belgique.

Qu’il y avait eu d’assez sérieux désaccords entre mes parents, peu après ma naissance, et que ces désaccords avaient influé sur la détermination de Jules Veydt s’expatriant après trois ans de mariage et s’en allant si loin, dans ce pays perdu…, je l’ai su plus tard et cela m’a expliqué bien des choses.