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ÂME BLANCHE

en dépit des années et dont les cheveux, très noirs, couronnant un front ridé, semblent teints tellement la nuance solide, puissante, uniforme en est peu en rapport avec leur âge.

— Vous allez rester là, à ne rien faire ? me demanda la terrible fille.

Elle m’avait posé cette demande en flamand : depuis quarante ans qu’elle était chez les Veydt, jamais Wantje n’avait consenti à dire un seul mot en français, bien qu’elle connût parfaitement cette langue.

Ma tante Josine se chargea de répondre pour moi, expliquant que j’étais bien jeune, que, probablement, on ne m’avait appris aucun ouvrage manuel.

Et ce on hostile, méprisant, inflexible me sonna aux oreilles comme un reproche à quelqu’un de bien malheureux, que j’aimais de toute mon âme et dont on m’avait séparée le matin même.

— Si, si, certainement, répondis-je aussitôt, coupant la parole à ma tante, je sais faire quelque chose, quelque chose qu’on m’a appris : je sais enfiler des perles !

Les trois femmes échangèrent un regard de pitié ; toutes ensemble elles avaient haussé les épaules, et elles ne s’occupèrent plus de moi.

Longtemps, longtemps, j’entendis le bruit des aiguilles de ma tante Josine, se heurtant les unes aux autres, et celui des bobines de Wantje,