du vieillard, elle ajouta qu’il avait tort, que la pluie ne paraissait pas devoir finir de sitôt, qu’il serait mouillé.
— Ma chère, j’ai un parapluie ! fit-il.
Et il conclut, de l’air de quelqu’un qui ne songerait à rien de moins qu’à sauver sa patrie par quelque action d’éclat :
— J’irai bien à pied, pour cette fois.
Elle l’enveloppa d’un regard d’admiration, émue de ce grand courage, et nous continuâmes de nous diriger vers la chambre à coucher de Mlle Veydt pendant que mon grand-père, en partant, tirait derrière lui la porte de la rue.
Aussitôt qu’on m’eût mise au lit, mon gros sommeil disparut pour faire place à une lucidité grâce à laquelle le souvenir de ma misère me revint, poignant et affreux : un à un, les événements de la journée reparurent à mes yeux, avec une clairvoyance singulière et je sentis que j’avais souffert en ces quelques heures plus qu’en toute ma vie. Pourtant, je ne me laissai aller à pleurer que quand ma tante Josine, me croyant endormie, eut quitté la pièce. Alors, serrant ma poupée dans mes bras, je sanglotai, : répétant :
— Oh ! Zoone, si vous saviez, si vous pouviez savoir comme je suis malheureuse !